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2L'enquete archeologique ouverte ici, et prolongee, dans le champ medieval, par Genese du Dieu souverain, interroge une double mutation: de l'ontologie aristotelicienne de l'en-puissance et de l'en-acte vers celle, moderne, de la puissance et de l'action; et du dieu acte pur vers le Dieu tout-puissant. Elle poursuit ce faisant un double projet: montrer comment, loin de trouver sa source ou son arkhe en la metaphysique d'Aristote, l'ontologie de la puissance se construit a l'inverse contre celle-ci; et mettre au jour l'opposition symetrique entre la figure aristotelicienne du dieu-Bien et celle, chretienne, du Dieu-Souverain. Le premier volet du diptyque, qui fait ici l'objet d'une nouvelle edition revue et augmentee, propose une lecture de la Metaphysique fondee sur le couple conceptuel de la dunamis et de l'energeia: irreductibles tant a la matiere et a la forme qu'a la puissance et a l'action, l'en-puissance et l'en-acte sont au principe d'une ontologie unitaire, qui se devoile aussi comme une ontologie axiologique, identifiant en l'acte le mode d'etre du bien, en l'en-puissance son mode d'action. Cette ontologie porte une pensee singuliere du divin: acte, et non forme pure, sans puissance, mais non pas impuissant, le premier moteur aristotelicien echappe a l'alternative entre le Dieu toutpuissant de la tradition metaphysique et le dieu faible des inquietudes contemporaines. Qu'en est-il, alors, du devenir de cette ontologie? On tente de mesurer la portee du geste par lequel Plotin designe son premier principe non plus comme acte pur, mais comme puissance de tout, dunamis panton. Avec lui s'inaugurent peut-etre la subversion et l'oubli d'une pensee pour laquelle l'etre, et le divin, ne se confondent ni avec la presence, ni avec la puissance.